Bigard : comme un air de déjà vu…

Eleveurs et éleveuses, de Sarthe et de Mayenne, devront donc se tourner vers d'autres abattoirs. Leurs animaux et eux devront faire plus de kilomètres. Le groupe parle des sites de Cholet (Maine-et-Loire) et de Cherré-Au (Sarthe) ; les abattoirs du Lion d'Angers (Maine-et-Loire) et de Craon (Mayenne) sentent déjà l'effet de cette annonce.
Cette décision unilatérale rappelle celle de Lactalis : voilà deux multinationales, leaders de l'agroalimentaire, qui ont régulièrement du mal à publier leurs comptes et qui se démarquent aussi par leur attitude méprisante vis-à-vis des éleveurs.
Pour les représentants du ministère de l'agriculture en région, le groupe Bigard ne fait qu'anticiper la perte de vitesse de l'élevage.
Vraiment ? Est-ce là l'unique réaction des pouvoirs publics ? La perte de vitesse de l'élevage est donc un état de fait, inéluctable, la faute à pas de chance. On peut s'interroger : est-ce que ces pratiques ne contribuent pas à la perte de vitesse de l'élevage ? Est-ce que la mise en concurrence des éleveurs entre eux et les accords de libre-échange (rappelons que le Mercosur* sera vraisemblablement signé dans quelques semaines) ne contribuent pas à la perte de vitesse de l'élevage ?
Et, finalement, est-ce que nos pouvoirs publics se satisfont de la perte de vitesse de l'élevage ?
La diminution de l'élevage signifie la diminution du nombre d'éleveurs et d'éleveuses mais aussi des emplois para-agricoles et dans l'industrie agro-alimentaire.
La diminution de l'élevage signifie la disparition de fermes et des familles qui y vivent, qui vivent et font vivre le monde rural.
La diminution de l'élevage signifie la modification profonde de notre autonomie alimentaire.
La diminution de l'élevage signifie la disparition de haies et de prairies, si vertueuses pour la captation du carbone et tous les enjeux environnementaux (eau, air, sol, biodiversité) de manière générale.
Laisser les rênes à Bigard, Lactalis et les autres, est un jeu dangereux. Pour l'avenir de nos campagnes, le silence de nos décideurs l'est tout autant.