Mal-être agricole : comment faire autrement ?
28.01.2022 - Ce dernier se traduit par des arrêts de travail, des burn-out, voire des suicides. Comment pourrait-il en être autrement ?
Le mirage de la course aux volumes, l'automatisation et la surmécanisation enferment les agriculteurs et les agricultrices dans une spirale, celle de la surcharge de travail. Cette surcharge ne rime pas toujours, loin de là, avec un revenu décent. Au contraire, nous pouvons nous retrouver endettés, dans une situation de fragilité financière, à la merci de nos créanciers, comme c'est le cas pour 20 % d'entre nous.
Un grand nombre d'entre nous travaille tous les jours de l'année et sont enfermés sur leurs fermes.
Combien arrivent à réellement lever le pied le week-end ? À pouvoir avoir une vie de famille, une vie sociale ? Le recensement agricole acte ce que nous observons tous les jours : nos fermes grossissent et nous sommes de moins en moins nombreux.
La déshumanisation que nous constatons tous, notamment celle de la MSA*, n'aide pas à sortir de la solitude et de l'isolement. Alors même qu'il est si difficile de dire quand ça ne va pas, quand on est dans une situation financière qui se tend, alors même qu'il faudrait pouvoir parler et arriver à demander de l'aide, nous voilà de plus en plus seuls.
Au-delà de ces éléments de notre vécu quotidien, le sens de notre métier est de plus en plus confus : d'un côté, on nous demande de produire de l'alimentation à bas prix, pour nourrir le monde, et de l'autre, on nous demande de préserver l'environnement, la qualité de l'eau et des sols, les paysages et la biodiversité. Cette profonde incohérence crée un malaise profond chez beaucoup d'entre nous.
Il est temps que les consommateurs, et les élus qui les représentent, éclaircissent leur demande : souhaitez-vous payer toujours moins cher votre nourriture (rappelons-ici que la part du budget des ménages alloué à l'alimentation est passé de 35 % en 1960 à 13 % en 2018) ? ou bien souhaitez-vous avoir accès une alimentation de qualité, une eau à l'avenant et un bocage préservé ?
